La problématique de l’emploi, et plus particulière de l’emploi au niveau des régions, est un problème épineux auquel un début de solution doit être apporté au plus tôt, le plein emploi ne pouvant être atteint à court terme. Sachant que le gouvernement a annoncé le recrutement de 25.000 fonctionnaires pour l’année 2012, est-il possible de déplacer ces emplois vers les régions? Ceci permettra de créer 25.000 emplois directs au niveau des régions, avec une moyenne de mille emplois par gouvernorat, en plus des emplois indirects et avec tout ce que cela implique comme investissement, création de richesse et incidence sur le développement régional.
A ce jour, l’emploi au niveau des régions a été basé sur le secteur privé en premier lieu ainsi que sur les collectivités publiques et locales en second lieu, sachant que la contribution des collectivités publiques et locales a plus revêtu la forme d’aide (7adhayer) que d’emplois pérennes comme il se devrait, car seuls les emplois pérennes apportent une solution radicale à ce problème chronique.
Quant à la contribution du secteur privé, elle sera de plus en difficile, surtout à court terme, en raison du climat d’investissement actuel ainsi que des nombreuses grèves et sit-in que vit le pays.
Ainsi, la seule solution qui reste, à court terme, est une contribution forte de l’Etat pour le développement d’un emploi durable et pérenne au niveau des régions.
Le développement de l’emploi régional à travers l’Etat pourra se faire de trois manières:
· par le recours à la décentralisation,
· par l’installation de quelques ministères en dehors de Tunis,
· par le télétravail.
Le recours à la décentralisation
Le recours à la décentralisation permettra de rapprocher la prise de décision du citoyen, voire de déléguer la prise de certaines décisions au niveau régional. Si ceci doit être un objectif à terme, il est important de relever que décentraliser l’administration n’est pas chose aisée et demandera du temps -plusieurs années- pour étudier quelle sera la nouvelle subdivision du pays, comment tout cela doit s’organiser et surtout pour pouvoir assurer une mise en place réussie et pérenne.
L’installation de ministères en dehors de Tunis
Une deuxième solution envisageable pour le développement de l’emploi régional à travers l’emploi étatique est l’installation de certains ministères au niveau des régions et non à Tunis. Si cela peut être difficilement envisageable pour les ministères existants, cela est facile à faire pour les ministères nouvellement créés. D’ailleurs, pourquoi un ministère du Développement régional serait-il installé à Tunis, loin des régions?
Cette solution relativement facile à mettre en œuvre permet aussi à l’Etat de faire des économies, même à petite échelle, en ce sens que les coûts des bâtiments sont de loin moins chers en région qu’à Tunis.
Le recours au télétravail
Recourir au télétravail consiste à permettre à des fonctionnaires de travailler à distance, à partir des régions, pour le compte de l’administration centrale. Ainsi, les fonctionnaires se rendraient à des centres de télétravail installés dans les régions, voire à terme dans chaque délégation, afin d’effectuer le même travail qu’ils auraient effectué s’il était dans les locaux même de l’employeur soit au sein de l’administration centrale.
Plusieurs pays ont adopté le télétravail, à l’instar des Etats-Unis et de certains pays d’Europe où le taux de télétravail est estimé à 18%.
Le recours au télétravail est sûrement la solution la plus simple et la plus rapide à mettre en œuvre étant donné que la Tunisie est dotée d’une infrastructure de télécommunication performante et que certaines régions disposent déjà de cyberparcs ou ont un programme ambitieux, comme la région de Gafsa par exemple.
Certains services des ministères travaillent d’une manière autonome, sans être en relation directe et permanente ni avec le citoyen ni avec les autres services. Quelle différence y a-t-il pour les fonctionnaires de ces services de back office de travailler à partir du deuxième étage du ministère ou à 200 ou 400 kilomètres? Aucune. Ce même principe peut aussi être appliqué aux entreprises publiques. Est-il nécessaire que le service de facturation de Tunisie Télécom, de la STEG ou de la SONEDE soit à Tunis, Sousse ou Sfax? Est-il nécessaire que les services de traitement des dossiers de la CNAM soit aussi à Tunis, Sousse ou Sfax?
Si grâce au télétravail, certaines activités restent transparentes au citoyen sans incidence négative, le télétravail peut apporter beaucoup à la Tunisie et aux Tunisiens.
En plus de la contribution à la résorption du chômage au niveau des régions par la création d’emplois directs et indirects, le télétravail présente de nombreux avantages comme la contribution au développement régional à travers les richesses créées, les investissements réalisés, une croissance plus juste et plus harmonieuse, le bénéfice d’un environnement de travail de meilleure qualité, la réduction du temps de transport, le gain de temps, l’amélioration du pouvoir d’achat… En effet, le coût et la qualité de vie sont de loin meilleurs au niveau des régions qu’à Tunis. Pour ceux qui ne possèdent pas leur logement, ils pourront louer une villa au prix d’un appartement à Tunis, et l’accès à la propriété sera grandement facilité.
Le télétravail permettra aussi de limiter l’exode, rural avec tout ce qu’il comprend comme incidences négatives tout comme il limitera les déplacements massifs en période de fêtes.
Le gouvernement a annoncé le recrutement de 25.000 fonctionnaires pour l’année 2012. Pourquoi donc ne pas procéder à ces recrutements au sein des régions, justement par le recours au télétravail? Ceci ne permettra-t-il pas de créer 25.000 postes d’emplois directs au niveau des régions avec une moyenne de mille emplois par gouvernorat? Et si on y ajoutait les emplois indirects, combien obtiendra-t-on?
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